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{{Pour une mythopoétique: quelques propositions sur les rapports entre mythe et fiction}} L'occasion de définir la mythopoétique et d'actualiser nos savoirs sur la recherche universitaire travaillant la notion même de mythe et les liens entre mythe et fiction. Anthropologie, psychanalyse, sociologie, politique, histoire : c’est souvent par ses mythes que la littérature rencontre les sciences humaines, et la littérature comparée en tant que discipline universitaire a beaucoup hérité de la mythologie comparée. Or les mythes sont « l’âme » de l’œuvre littéraire, disait Aristote dans la Poétique, et Platon dans la République appelait les poètes « artisans de mythes ». La mythopoétique s’attache donc à étudier la poétique des mythes, leur relation avec les genres littéraires, avec l’idée même de littérature, avec les figures du sujet (le poète, le créateur…) en inscrivant ses recherches dans une perspective résolument historique : histoire du concept même de mythe, histoire de telle figure mythique. Partant de l’Antiquité, le domaine d’investigation conduit jusqu’aux littératures et aux sociétés contemporaines : les mythes occupent aujourd’hui une place considérable dans la création théâtrale, cinématographique, romanesque, poétique, mais aussi dans la critique, et en particulier dans ses développements les plus récents, attentifs aux différences sexuelles et aux clivages politiques. Ce n’est pas seulement le regard porté sur les mythes qui change : des mythes nouveaux accompagnent les mutations des sociétés. Sont donc concernés non seulement l’héritage gréco-romain, mais aussi les mythes d’origine biblique (les recherches dans ce domaine doivent mettre en lumière le rôle des traductions, mais aussi celui des divers commentaires qui ont enrichi l’imaginaire biblique). La mythopoétique fait également une large place aux figures mythiques nées au sein même de l’Europe chrétienne : mythes médiévaux, mythes baroques et mythes romantiques. Il faut donc envisager le mythe dans sa dimension non seulement formelle (récit, poème, discours, etc.), mais aussi fonctionnelle : même si un mythe reste implicite en tant que système complexe d’images et de concepts, il n’en est pas moins actif et productif dans la culture et la société. Dans cette perspective, qui se situe au croisement des Mythologies de Roland Barthes et de l’histoire des idées, les "mythopoéticiens" accordent une importance toute particulière à un mythe essentiel pour l’activité littéraire : le mythe même et l’idée de littérature, qu’il convient de considérer dans toute l’amplitude de son histoire, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, à travers l’étude des discours critiques, des théories esthétiques et de toutes les mythologies afférentes, en tirant profit de comparaisons avec les cultures non occidentales. L'article de Véronique Gely, publié dès 2006 sur le site Vox Poetica, permet de faire le point sur cette branche particulière de l'histoire et de l'analyse littéraires universitaires contemporaines.

Quid de la mythopoétique ?

Pour une mythopoétique : quelques propositions sur les rapports entre mythe et fiction

L’occasion de définir la mythopoétique et d’actualiser nos savoirs sur la recherche universitaire travaillant la notion même de mythe et les liens entre mythe et fiction.

Anthropologie, psychanalyse, sociologie, politique, histoire : c’est souvent par ses mythes que la littérature rencontre les sciences humaines, et la littérature comparée en tant que discipline universitaire a beaucoup hérité de la mythologie comparée. Or les mythes sont « l’âme » de l’œuvre littéraire, disait Aristote dans la Poétique, et Platon dans la République appelait les poètes « artisans de mythes ».

La mythopoétique s’attache donc à étudier la poétique des mythes, leur relation avec les genres littéraires, avec l’idée même de littérature, avec les figures du sujet (le poète, le créateur…) en inscrivant ses recherches dans une perspective résolument historique : histoire du concept même de mythe, histoire de telle figure mythique.

Partant de l’Antiquité, le domaine d’investigation conduit jusqu’aux littératures et aux sociétés contemporaines : les mythes occupent aujourd’hui une place considérable dans la création théâtrale, cinématographique, romanesque, poétique, mais aussi dans la critique, et en particulier dans ses développements les plus récents, attentifs aux différences sexuelles et aux clivages politiques.

Ce n’est pas seulement le regard porté sur les mythes qui change : des mythes nouveaux accompagnent les mutations des sociétés. Sont donc concernés non seulement l’héritage gréco-romain, mais aussi les mythes d’origine biblique (les recherches dans ce domaine doivent mettre en lumière le rôle des traductions, mais aussi celui des divers commentaires qui ont enrichi l’imaginaire biblique). La mythopoétique fait également une large place aux figures mythiques nées au sein même de l’Europe chrétienne : mythes médiévaux, mythes baroques et mythes romantiques.

Il faut donc envisager le mythe dans sa dimension non seulement formelle (récit, poème, discours, etc.), mais aussi fonctionnelle : même si un mythe reste implicite en tant que système complexe d’images et de concepts, il n’en est pas moins actif et productif dans la culture et la société. Dans cette perspective, qui se situe au croisement des Mythologies de Roland Barthes et de l’histoire des idées, les "mythopoéticiens" accordent une importance toute particulière à un mythe essentiel pour l’activité littéraire : le mythe même et l’idée de littérature, qu’il convient de considérer dans toute l’amplitude de son histoire, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, à travers l’étude des discours critiques, des théories esthétiques et de toutes les mythologies afférentes, en tirant profit de comparaisons avec les cultures non occidentales.

L’article de Véronique Gely, publié dès 2006 sur le site Vox Poetica, permet de faire le point sur cette branche particulière de l’histoire et de l’analyse littéraires universitaires contemporaines.

Mise à jour : 8 mars 2012